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 Etude de la bioaltération de la polychromie de la chambre de l’Evêque au château de St Izaire (Aveyron)


réalisée par M.-P. Etcheverry pour le compte de MSMAP (extraits)


L’observation de la surface d’un fragment de boiserie peinte montre que celui-ci est recouvert d’une couche picturale grise à noire, très abîmée et salie par la présence de très nombreux dépôts, particules et organismes filamentaires.
L’analyse du fragment en microsection polie indique que la couche picturale superficielle est essentiellement formée de blanc de plomb, et qu’elle contient des particules éparses de noir de charbon lui conférant une teinte grisâtre.


L’étude détaillée de la surface de la couche picturale au microscope électronique à balayage (MEB) révèle une importante contamination mycélienne avec des signes d’activité métabolique (cristallisations secondaires riches en plomb, flèches) :
cette particularité indique la présence d’un mycélium capable de solubiliser un composé de plomb.

Les zones les plus sombres de la couche picturale sont recouvertes d’hyphes mycéliens saturés en plomb : la décomposition d’un pigment à base de plomb par les microorganismes entraîne le plus souvent la formation d’oxalates de plomb, ainsi que la présence de phases d’oxydation du plomb sous forme de PbO2 (plattnérite, brun à noir) et/ou la formation de sulfures de plomb de type galène PbS (gris argenté). Le noircissement prononcé de la couche picturale est ici très vraisemblablement lié à l’activité de ces microorganismes.


L’étude en section de la microtexture des zones d’interface boiserie / couches picturales montre plusieurs phénomènes :

  • un soulèvement important de la couche picturale superficielle (CS), qui a tendance à se séparer de la couche préparatoire sous-jacente (CP),
  • la présence de microfilaments organiques localement détectables dans ces zones,
  • l’existence de très petites cavités de forme variable et de microgaleries en particulier dans la couche préparatoire (flèches).

La perturbation importante de la boiserie peinte apparaît liée à la présence conjointe de plusieurs types de parasites pouvant vivre en symbiose : des microorganismes divers (mycéliums, bactéries) et de très petits insectes fouisseurs profitant de l’impact de la contamination mycélienne pour se créer un habitat local (cavités, galeries).



L’analyse de débris poussiéreux prélevés en surface des peintures a révélé la présence d’un très petit coléoptère mycophage de la famille des Lathrididae (Dienerella).

L’existence de cet insecte dans le milieu étudié implique un développement mycélien suffisamment important pour lui procurer des sources d’alimentation constantes.

Par ailleurs cet insecte est un indicateur de conditions hygrométriques très élevées.




Conclusion :

Ces observations ont montré la présence d’une contamination mycélienne en partie responsable, conjointement à l’humidité ambiante, de l’altération des couches picturales.
A ce développement mycélien est associée localement une microfaune, témoin de conditions hygrométriques très élevées.



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